En Flandre, selon le sondage du « Standaard » et de la VRT, le grand parti dominant du XXe siècle dégringole à la dernière place, derrière le PVDA (PTB). Le Vlaams Belang reste en tête mais décline.

« Le Soir », Bernard Demonty, 6 mai 2022
Ce n’est qu’un sondage, comme on dit toujours en pareilles circonstances, mais l’effet psychologique est assuré. Le « Stemming » du Standaard et de la VRT, publié ce vendredi, pointe le CD&V à 8,7 %, soit en dernière position de tous les partis flamands. Un classement qui place ce parti loin des 15,4 % réalisés aux élections pour le parlement flamand de 2019.
Un choc pour cette formation qui a dominé l’échiquier politique flamand et belge durant des décennies et qui doit aujourd’hui se contenter de ramasser les miettes du gâteau électoral. Dans la dernière livraison du Grand Baromètre Ipsos-Le Soir, avec RTL, VTM et Het Laatste Nieuws, publiée en mars, le parti chrétien flamand obtenait 11,3 %, et toisait encore le VLD, le PVDA (PTB) et Groen.
En tête du classement de nos confrères, c’est toujours le Vlaams Belang qui domine, avec 22,9 % des intentions de vote, juste devant la N-VA (22,4 %). Mais, comme dans notre dernier Grand baromètre, « De Stemming » enregistre une baisse de l’extrême droite, qui perd 1,8 point, face à une N-VA qui en gagne 0,9 mais tout cela se joue dans la marge d’erreur.
Parmi les éléments marquants, on constatera la poursuite de la remontée des socialistes de Vooruit, qui consolident leur position de troisième parti de Flandre, avec 15,5 % chez nos confrères et 14,2 % dans le Grand baromètre, sans doute sous l’effet du président « disruptif » Conner Rousseau et de la popularité du vice-Premier Frank Vandenbroucke. Deux autres tendances récurrentes : la faiblesse de l’Open VLD (10,2 % chez nos confrères et 9,8 dans notre sondage) et la remontée inattendue de l’extrême gauche ( 9,1 et 8,9) dans une Flandre réputée hostile à ce type de formation.
La présidence en danger
Ce sondage ne risque pas d’apaiser les tensions au sein du CD&V. Il y a quinze jours, après notre sondage, où, rappelons-le, la situation était encore meilleure que celle d’aujourd’hui, des voix au sein du parti ont appelé à anticiper le renouvellement de la présidence, détenue par Joachim Coens, avant la date d’échéance de son mandat, en décembre. Il lui est reproché en interne de ne pas être un bon communicant, et de ne pas parvenir à « vendre » le message des sociaux-chrétiens.
D’autre part, des contradictions manifestes sont apparues entre le président et l’autre figure de proue du parti, Wouter Beke, ministre flamand du bien-être et prédécesseur de Coens. Devant ces difficultés internes, amplifiées aujourd’hui par un sondage apocalyptique, le débat de la présidence ne pourra qu’en être relancé. Et le nom de Sammy Mahdi risque de revenir au-devant de la scène. L’actuel secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, au caractère affirmé et à la communication qui ne l’est pas moins, passe de plus en plus pour l’homme de la situation. Il s’en est fallu de peu pour qu’il rafle in extremis la présidence du parti, à laquelle il s’était présenté contre Joachim Coens. L’heure de la revanche a peut-être sonné. « Si le parti a besoin de moi, je lui viendrai toujours en aide », a dit le secrétaire d’Etat il y a trois semaines. L’appel à l’aide pourrait ne pas tarder…