Dans Doorbraak, Pieter Bauwenspose une série de questions concernant la circonscription fédérale : https://doorbraak.be/kiezen-tussen-de-federale-kieskring-of-democratie/

La circonscription fédérale réduit-elle la particratie ?
La réponse est claire : non. C‘est le parti qui déterminera qui appartient à l’élite politique qui pourra se présenter dans la circonscription fédérale.
Selon divers partisans, ce sont « les ministrables». La question est de savoir s’ils peuvent encore être candidats dans une petite circonscription. Car que se passera-t-il si ces super-candidats dans la circonscription fédérale ne sont pas élus ? Et s’ils se présentent dans les deux, auront-ils plus de budget à consacrer à la propagande électorale ? Cela ne constituera-t-il pas un avantage concurrentiel trop grand ?
Combien de candidats seront-ils élus au niveau fédéral et quel sera leur statut ?
15 (proposition ReBel/Van Parijs) ou 20 (proposition Open VLD) ?
Existe-t-il des quotas pour les francophones et les néerlandophones, par exemple six francophones et neuf néerlandophones ? Mais que se passe-t-il si le dixième Flamand a plus de voix que le sixième francophone et va à la Cour constitutionnelle ? Un quota ne remet-il pas aussi en cause toute l’idée de la circonscription fédérale ? Parce qu’alors les élus ne sont plus fédéraux, mais élus sur la base de leur groupe linguistique.
On ne sait pas non plus sur quelle base on détermine que quelqu’un est flamand ou francophone. Aujourd’hui, cela dépend de la langue de la circonscription électorale, sauf à Bruxelles, où la langue du serment compte. Si la langue du serment compte, qu’en est-il des bilingues ou comment sont fixés les quotas ? Ou le groupe linguistique ne compte-t-il pas pour les Belges sur la liste électorale fédérale ? Comment seront-ils alors comptabilisés pour la majorité spéciale ?
Y aura-t-il des débats fédéraux?
L’une des intentions de la circonscription fédérale est de travailler sur un espace politique unifié « Belgique ». C’est-à-dire qu’il y aura des débats fédéraux. Dans quelle langue seront-ils menés ?
Le Vlaams Belang sera-t-il également autorisé à participer à ces débats, aux côtés des partis francophones ? Ce n’est pas évident. Les partis francophones s’y sont jusqu’à présent refusés.
Aura-t-on alors des débats en Flandre avec le Vlaams Belang et sans partis francophones ? Et des débats francophones sans le Vlaams Belang ?
On aurait alors un système électoral qui vise à favoriser une certaine opinion politique et un débat qui exclut un grand parti flamand.
Même problème avec le PVDA/PTB. Au fait, Groen/Ecolo et le PVDA/PTB auront-ils un représentant à un tel débat ou deux ? Formeront-ils un seul parti, ou deux si cela convient mieux ? Les autres familles politiques vont-elles aussi s’affronter lors de ces débats ? Ou formeront-ils-ils une seule liste avec les libéraux, socialistes et… belges ?
Faut-il élire un Premier ministre ou un ministre sur l’ensemble du territoire ?
C’est un argument des partisans. Désormais, seuls les Flamands de l’Est peuvent voter pour Alexander De Croo (Open Vld), semble-t-il. Cela alors qu’il est Premier ministre de tous les Belges. Le Premier ministre de Grande-Bretagne est élu dans le district de Richmontd (North Yorkshire). Seuls les dix mille électeurs là-bas peuvent voter pour lui et il est Premier ministre de toute la Grande-Bretagne. Ce n’est pas considéré comme un problème. Bien sûr, son parti se présente dans presque tout le Royaume-Uni. Mais personne n’empêche l’Open Vld de déposer des listes à Liège, à Namur, dans le Brabant wallon, le Hainaut ou le Luxembourg. Tous les Belges peuvent alors voter pour le parti du Premier ministre. Le Vlaams Belang s’est présenté en Hainaut en 2019. Ils ont obtenu 18 000 voix sans campagne.
Une idée diabolique
Comme dans tant d’autres propositions visant à faire fonctionner les structures de ce pays, le diable est dans les détails. Une circonscription fédérale s’avère être une mauvaise solution à un problème parce qu’elle en crée une foule d’autres. De nouveaux problèmes qui ne font que resserrer le nœud belge et rendre encore plus difficile une politique claire. Une fausse bonne idée.
Une véritable circonscription électorale fédérale voudrait dire que les cent cinquante sièges du Parlement sont élus dans une seule circonscription électorale. De La Panne à Manderfeld et de Meersel-Dreef à Torgny. Pas de groupes linguistiques, pas de sonnette d’alarme, pas de majorités spéciales. Nous sommes tous des Belges, un vote est un vote, une majorité est une majorité. Vous ne pouvez pas obtenir plus de Belgique que cela. Ça n’arrivera pas. Personne ne demande aux partisans d’une circonscription fédérale pourquoi. C’est le meilleur argument contre cette circonscription fédérale. La question ultime est : que préférez-vous, la démocratie ou le maintien de ce pays ?