On trouvera ici la version française de l’opinion de Jules Gheude publiée sur Doorbraak.be : https://doorbraak.be/hoe-levensvatbaar-is-belgie-na-de-verkiezingen-in-2024/

Les élections belges du 9 juin 2024 revêtiront un enjeu majeur. Elles permettront, en effet, de révéler si la Belgique est encore viable ou non.

Depuis 2010, nous avons pu constater la difficulté extrême à former un gouvernement belge. La crise de 2010-2011 fut d’une telle ampleur qu’elle avait amené la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nattionale française à charger deux de ses membres d’une mission en Belgique afin de s’informer de la situation intérieure du pays.

Adopté le 15 février 2012, le rapport des intéressés constatait que la division de la Belgique en deux groupes linguistiques de ,plus en plus cohérents et dissemblables rendait son existence de moins en moins probable ( https://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i4360.asp)

Force est de constater que, depuis lors, le fossé entre le Nord et le Sud n’a cessé de se creuser.

Selon sa Constitution, la Belgique est un Etat fédéral. Cela implique des entités fédérées et un mécanisme de  solidatirité inter-régionale.

Les responsables francophones sont déterminés à poursquivre dans cette voie, qui ne peut toutefois mener qu’à une impasse dès lors que la Flandre ne se considère plus comme une entité fédérée, mais bien comme une nation dont la vocation naturelle est de devenir un Etat souverain.

Selon la dernier sondage réalisé par De Standaard/VRT, 45,6% des Flamands se prononcent en faveur du Vlaams Belang ou de la N-VA, deux formations ouvertement indépendantistes.

Les statuts du Vlaams Belang stipulent en effet : “Le parti lutte pour une Flandre indépendante. Cela signifie que l’objectif final consiste à se détacher de la structure étatique belge et à créer une Flandre indépendante. Celle-ci exercera sa souveraineté au moins dans les limites de la frontière linguistique belge actuelle et aura, via     un statut linguistique particulier, Bruxelles comme capitale.”

Quant à la N-Va, “elle vise une meilleure gestion et davantage de démocratie et choisit donc, en toute logique, la républiquue indépendante de Flandre, Etat-membre d’une Union européenne démocratique”.

Certes, le président de la N-VA, Bart De Wever, n’entend pas mettre fin brutalement à la Belgique. Aussi propose-t-il de mettre en place un système confédéral qui consisterait à ne laisser au pouvoir central que de rares missions et à confier l’essentiel des compétences aux Régions avec, pour ce qui concerne les matières dites personnalisables (impôt des personnes physiques, sécurité sociale, aide à la jeunesse, immigration, intégration…), la possibilité pour chaque habitant de Bruxelles de choisir entre le paquet flamand et le paquet wallon.  Sur ce dernier point, on imagine sans peine les proposition alléchantes que la Flandre ne manquerait pas de faire…

Il est clair que le confédéralisme serait l’antichambre du séparatisme. Il ne faudrait pas longtemps, en effet, pour que la Flandre considère l’échelon central comme totalement superflu.

Pas question donc, pour les responsables francophones, de s’engager dans cette voie.

Le président des libéraux francophones, Georges-Louis Bouchez, estime que la coalition suédoise avec la N-VA (2014-2018) fut plutôt positive. Aussi se dit-il prêt à renouveler l’expérience pour autant que la N-VA renonce à ses prétentions institutionnelles.

Voilà qui témoigne d’une belle naïveté!

La réponse de Bart De Wever à celui qui ne cesse de se dire “belgicain” n’a d’ailleurs  pas tardé : “Je l’ai regardé à la télévision flamande et je constate que tout ce qu’il s’imagine n’est pas vraiment la réalité. Je ne l’aime pas vraiment. »

Au lendemain des élections du 9 juin 2024, les négociations tourneront rapidement au dialogue de sourds. Le roi Philippe risque fort de courir après un gouvernement introuvable. Et un Etat sans gouvernement est un Etat qui n’existe plus.

Le Vlaams Belang et la N-VA pourraient alors s’allier sur le seul point qui les rassemble – l’indépendance de la Flandre – et profiter de leur majorité absolue au Parlement flamand pour mettre enfin ce point en pratique.

Un Etat flamand n’aurait aucune peine à être reconnu sur le plan international, sauf si le coup de force était tenté pour faire tomber Bruxelles dans l’escarcelle flamande.

Comme l’a bien précisé feu Xavie Mabille, l’ancien directeur du Crisp : “La Flandre pourrait décider de son autodétermination. Elle ne déciderait pas pour autant du même coup du destin de la Wallonie ni de celui de Bruxelles.”