Jules Gheude

Examinons les choses avec lucidité.
On peut d’ores et déjà admettre que le PS et Ecolo n’auront aucune envie de remettre le couvert avec le MR au lendemain des élections du 9 juin 2024.
Depuis la mise en place de la Vivaldi, Georges-Louis Bouchez, le président des libéraux/réformateurs francophones, n’a cessé d’incarner le mouton noir aux yeux de ses homologues francophones. Dernier épisode en date : l’échec de la réforme fiscale, dû essentiellement à l’intransigeance du président du MR.
Le mandat de ce dernier expire cette année, mais tout porte à croire qu’il sera exceptionnellement prolongé en raison de la proximité des élections.
Cela signifie donc que Georges-Louis Bouchez aura en main la destinée du MR au lendemain du scrutin. Nombreux sont ceux qui, au sein du parti, redoutent cet instant.
Car l’homme n’est pas connu pour son doigté particulier en tant que négociateur.
Le 4 juillet dernier, Didier Reynders, le Commissaire européen MR, était invité par « Le Soir » à s’exprimer sur l’affaire des visas iraniens délivrés par la ministre des Affaires extérieures (MR), Hadja Lahbib. La journaliste, Véronique Lamquin, ne manqua pas d’évoquer « l’irritation » que Georges-Louis Bouchez provoque « dans les autres partis… voire au sein de son parti ». Et Didier Reynders de répondre : « Je lui ai dit qu’il ne fallait pas, sur tous les sujets, se retrouver dans une logique de clivage. Il a de bons arguments. Son positionnement sur le nucléaire a une logique en fonction du contexte énergétique. Cela ne nécessite pas d’être en opposition frontale, personnelle, avec d’autres, ça nécessite d’expliquer son point de vue. Dans son comportement, il doit faire attention de ne pas toujours prendre sur lui un positionnement plus dur à l’égard des personnes. »
Pour Didier Reynders, il s’agit clairement d’un « problème de communication » dans le chef du président du MR.
A la question de savoir si, comme Georges-Louis Bouchez, il serait allé dans les forces spéciales de VTM, Didier Reynders répond : « Je ne l’aurais pas fait parce que moi, je suis conscient du fait que les exercices qu’on m’aurait demandés, je n’étais plus capable de les faire. Il y a un autre élément : si on veut être présent dans les médias flamands, il faut un jour commencer à répondre dans la langue. »
Et de conclure par cette « mise en garde » : « L’an prochain, il y a des échéances européennes, nationales, régionales et locales. Et je sais que, dans un parti, les élus locaux sont toujours très inquiets des relations entre les personnes. Il faut continuer à défendre des positions fortes sur le plan politique mais veiller à ne pas toujours être en première ligne dans le conflit de personnes. » Ceci en démettant toute intention de faire un putsch…
Autre témoignage intéressant, celui livré par Louis Michel au « puncher » de RTL-TVI, Martin Buxant, ce dimanche 10 septembre. Tout en reconnaissant l’intelligence et les qualités de Georges-Louis Bouchez, l’ancien président du MR a toutefois parlé de son côté « extravagant »…
Au lendemain des élections du 9 juin 2024, Georges-Louis Bouchez pourrait donc constituer un réel handicap pour le MR au niveau des négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement fédéral.
On l’a entendu vanter les qualités de l’expérience gouvernementale avec la N-VA (octobre 2014 – décembre 2018). Il serait donc prêt à s’embarquer à nouveau avec Bart De Wever… à condition toutefois que celui-ci renonce à son projet confédéraliste ! Ce qui relève en soi d’une belle naïveté !