Jules Gheude

Le président du PS, Paul Magnette, le dit très clairement dans la dernière interview accordée à « L’Avenir » : « Le PS refusera toujours le confédéralisme ».

Il est vrai que le PS avait aussi juré qu’il ne laisserait jamais tomber José Happart comme bourgmestre des Fourons et que l’arrondissement électoral de Bruxelles, Hal, Vilvorde ne serait jamais scindé. On sait comment les choses se sont finalement passées…

Au départ, c’est le leitmotiv bien connu : « Je ne suis demandeur de rien ». Au final, c’est le même refrain : « Ok, j’accepte en contrepartie d’espèces sonnantes et trébuchantes ».

Jamais la Région wallonne et la Communauté française n’ont été dans une situation budgétaire aussi critique. Et la suppression programmée des transferts financiers en provenance de Flandre ne peut qu’empirer les choses.

Pour Paul Magnette, le système fédéral n’est nullement dépassé, bien qu’il ne puisse admettre que l’Etat central ne soit pas venu en aide à la Wallonie lors des inondations (il n’a consenti qu’un prêt…). Et de citer ici l’exemple de l’Allemagne.

Paul Magnette ne veut pas reconnaître que le moteur fédéral belge est grippé pour une raison très simple : la Flandre ne se considère plus comme une entité fédérée, mais bien comme une nation, qui n’entend plus se montrer financement solidaire d’une Wallonie qui, en quarante ans de régionalisation, n’est pas parvenue à se redresser économiquement.

Paul Magnette semble également perdre de vue que ce n’est pas Bart De Wever qui est à l’origine du projet confédéraliste. Celui-ci a, en effet, été lancé, au début des années 90, par le CVP Luc Van den Brande, alors ministre-président flamand. Et le Parlement flamand a avalisé la chose en 1999, via les cinq fameuses résolutions. Rappelons également que, alors qu’il était ministre-président flamand en 2002, le libéral Patrick Dewael a, lui aussi, présenté un cahier de revendications institutionnelles qui visait à scinder quasiment toutes les compétences restées fédérales.

Il est donc clair que, pour une large majorité de la Flandre, le schéma fédéral est dépassé depuis longtemps.

A la place du roi Philippe, nous serions profondément inquiets. Car voici comment peuvent se présenter les choses au lendemain des élections du 9 juin 2024.

S’il campe sur ses positions actuelles, le PS ne voudra pas entamer des discussions avec la N-VA. Le PS et Ecolo n’auront nulle envie de rempiler dans une coalition avec le MR. Aucun parti francophone n’acceptera de s’embarquer avec le Vlaams Belang. Le PTB, comme d’habitude, invoquera l’argument selon lequel aucune coalition n’est assez progressiste pour permettre de réaliser, de façon significative, son programme. Quant au MR, il sera prêt à renouveler l’expérience avec la N-VA, à condition que celle-ci renonce à ses exigences institutionnelles.

En d’autres termes, la Belgique a de fortes chances de se retrouver ingouvernable. Ce serait la fameuse « implosion » dont parlait François Perin en 1983.

Et là, il ne s’agira plus de discuter de l’option confédéraliste, mais bien de la voie « post-belge » que Wallons, Bruxellois et Germanophones seront contraints de choisir après largage des amarres belges par la Nation Flandre.