Jules Gheude

La « Vivaldi » ressemble davantage à un souk qu’à un gouvernement. Le gouverneur de la Banque Nationale se voit ainsi contraint d’assurer son propre intérim en raison d’un marchandage entre partenaires de la coalition quant à certains postes-clés à pourvoir dans la Fonction publique. Cela, alors que la Belgique entame la présidence du Conseil de l’Union européenne. Et ce n’est certes pas l’approche des élections législatives, régionales et européennes qui va permettre de mettre de l’huile dans les rouages…

Qui dit élections, dit constitution de listes avec, traditionnellement pour certaines formations, le recours à des candidats surprises, susceptibles, par leur notoriété, de faire mousser les voix. Sans parler de celles et ceux qui se laissent débaucher pour ne pas avoir obtenu la place convoitée. De quoi frustrer nombre de militant(e)s de longue date, qui se voient ainsi bien mal récompensés de leur engagement fidèle.

Marchandages tous azimuts, donc, où les intérêts personnels passent au premier plan. La particratie s’avère en fait nuisible à la démocratie.

Un mot ici à propos du parti réformateur. A la mort de Jean Gol, en 1995, Didier Reynders faisait figure de dauphin naturel. Mais Louis Michel a profité de la situation pour s’imposer et se venger ainsi de la condescendance avec laquelle Jean Gol l’avait toujours traité. En 2009, il organisa la charge contre Didier Reynders, alors président du parti, en réunissant un quarteron d’élus à l’Hôtel Renaissance de Bruxelles. Un putsch que Didier Reynders n’a jamais oublié…

Charles Michel deviendra ainsi président du MR, avant d’être désigné Premier ministre, le 11 octobre 2014. 

Et le clan Michel triomphera à nouveau, avec l’arrivée de Charles Michel à la présidence du Conseil européen, le 2 juillet 2019.

Ce 6 janvier 2024, à la veille de la tournée des vœux du MR, Charles Michel annonce qu’il tirera la liste de son parti pour les élections européennes.  Le coup est dur pour le Commissaire européen Didier Reynders qui briguait, lui aussi, la place.

Son avenir, il l’a précisé sur le plateau de RTL le 17 décembre dernier, Didier Reynders le voit dans un second mandat comme Commissaire européen ou en assumant la présidence du MR avec l’objectif d’opérer un élargissement de ses forces.

Et si ces deux objectifs ne pouvaient être atteints ? Un transfert chez « Les Engagés » est-il envisageable, comme d’aucuns l’ont évoqué ? A cette question, l’intéressé a répondu par la négative en précisant n’être pas « l’homme des putschs ». Mais, à 66 ans, il n’est certes pas non plus l’homme du renoncement.

Il n’y a pas que l’avenir politique de Didier Reynders qui interpelle. Celui de la Belgique est, lui aussi, incertain. Car, pour la première fois, une majorité absolue séparatiste pourrait se dégager au Parlement flamand. Selon les derniers sondages, le Vlaams Belang et la N-VA sont, en effet, crédités respectivement de 25,1 et 22% des intentions de vote.

Le Palais a donc de quoi s’inquiéter sérieusement. A ce propos, le documentaire de la VRT « Laurent, un prince à l’écart », que la RTBF a diffusé ce 5 janvier, nous a montré une image peu reluisante de la monarchie belge. Un univers coupé de la réalité, factice et, pour tout dire, obsolète ».

Tel était d’ailleurs aussi l’avis de Jean d’Ormesson. Dans son livre « Garçon de quoi écrire » (Gallimard, 1989), il déclarait : « Mon père était ardemment républicain. Le principe monarchique, en particulier, lui apparaissait tout à fait ridicule. L’idée qu’une collectivité puisse assurer son avenir en en remettant la charge à une famille donnée lui semblait folle. Comme à moi. Les institutions monarchiques, au sens bien entendu où les théoriciens de la monarchie les prônent, conviennent plus à mon avis au règne animal qu’à celui de l’homme. »