Gaetan Langlois, « Le Journal de Québec », 9 mars 2025

Un peuple insoumis depuis plus de 260 ans face à une domination anglo-saxonne a-t-il acquis le droit légitime de se questionner sur son appartenance à une autre nation que celle à laquelle il a été annexé sans son consentement.
La proposition d’annexion du Canada aux États-Unis par le président américain légitimement élu, Donald Trump, présente l’avantage de soulever des débats et des questionnements qui auraient pu se produire bien avant l’apparition d’un élément déclencheur comme la tentative d’asphyxie économique pour annexer le Canada et, par le fait même, le Québec aux États-Unis et en faire un État américain.
Les Québécois ont-ils les gènes d’une nationalité américaine ou ont-ils encore les gènes d’une nationalité française?
La même question se pose sur la génétique d’une nationalité canadienne dans le contexte d’une société dominée par une majorité anglaise et alimentée par le multiculturalisme pratiqué au Canada au bénéfice de la communauté anglophone.
Plusieurs petits pays (beaucoup plus petits que le Québec) ont renoncé à faire partie d’un grand ensemble qui leur aurait fait perdre leur identité. Le Québec a déjà posé la question à plus d’une reprise s’il devait s’appartenir en se séparant du Canada, et à chaque rendez-vous, la réponse a été NON, parce que plusieurs questionnements demeuraient sans réponse ou trop spéculatifs pour la majorité de la population.
L’autodétermination ou l’annexion?
Si les Québécois continuent de se poser des questions sur ce qui serait le mieux pour leur présent et leur avenir tout en n’oubliant pas leur passé, le contexte actuel amène une réflexion supplémentaire en offrant peut-être une option à une situation qui semble perpétuellement sans issue depuis maintenant près de deux siècles.
Le Québec a déjà été reconnu comme nation et comme un État au sein du Canada. En effet, le Québec réunit tous les ingrédients indispensables à une reconnaissance, soit d’avoir une langue commune, une histoire qui est celle des Français devenus des Canadiens français puis des Québécois, d’une culture hybride d’Amérique et d’Europe, d’un territoire délimité et d’institutions politiques bien ancrées.
Ainsi, si l’autodétermination est reconnue en droit international, l’annexion, quant à elle, implique deux parties qui requièrent un consentement mutuel pour passer de la parole aux actes.
À l’heure des choix, l’important est d’avoir une option additionnelle.
Rappelons-nous ce qui a amené les Français à vouloir s’établir au Canada au 17e siècle, puis ce qui a mené à l’abandon en sol canadien de leurs compatriotes français au 18e siècle.
Au 21e siècle, une nouvelle race de Français, nord-américaine celle-là, se heurte à un repositionnement dans l’échiquier nord-américain.
Dans cette mouvance des choix, les Québécois qui opteraient pour l’annexion souffriraient d’un deuxième abandon de la France.
Les liens historiques
Malgré l’abandon de la France au 18e siècle de ses citoyens français en sol canadien, les liens ne se sont jamais brisés entre les deux communautés. Le 19e siècle a vu naître une élite canadienne-française qui a permis d’établir une véritable coopération en matière culturelle et intellectuelle.
Le 20e siècle a permis d’établir des liens diplomatiques et de multiplier les échanges commerciaux. La tentative sans succès du général de Gaulle d’accompagner ceux qui étaient devenus des Québécois vers une autonomie et un rapprochement plus serré avec la France a tout de même permis d’affirmer le soutien des gouvernements français qui se sont succédé et de développer le concept de non-ingérence, mais non-indifférence de la France.
Le 21e siècle offre aux Québécois une opportunité de se questionner sur la façon de vivre leur avenir avec une solution à leur autodétermination proposant des réponses aux nombreuses questions.
Vers un Québec plus fort
À la différence de l’autodétermination (la souveraineté) qui donne naissance à un pays qui ne peut alors compter que sur lui-même, l’annexion, lorsqu’elle est compatible et souhaitée, ne peut qu’avoir un effet tonifiant sur ses citoyens.
Les grandes questions qui surgissent face à une autodétermination portent généralement sur l’adoption d’une monnaie, la reconnaissance d’un passeport, la défense nationale, la reconnaissance internationale, les perspectives économiques et la qualité de vie de ses citoyens. Pour le Québec, ajoutons la protection de la langue qui demeure une préoccupation majeure.
Une réunion France-Québec apporterait une croissance démographique de l’un et l’autre à un pays de 75 millions d’habitants. Le Québec passerait alors à une monnaie forte, l’euro (plus fort que le dollar américain), à un passeport français reconnu à international, à une défense nationale (la France est considérée comme étant la septième armée au monde et la seule puissance nucléaire en Europe), tout en ayant une place au G7. À la différence d’une annexion aux États-Unis qui serait un choc brutal, les lois et systèmes sociaux similaires rendent compatible une annexion à la France. À cela, ajoutons la langue française qui devient celle de la majorité et celle des nouveaux arrivants, car nous le savons, par nature, un immigrant voudra toujours se joindre à une majorité plutôt qu’à une minorité.
Rêvons un peu…
Le Québec reprend ses origines et devient une partie importante d’un pays de 75 millions d’habitants et d’une puissance économique et militaire internationale avec une présence au G7 et une influence à l’international, l’assurance de conserver sa langue, un renforcement de ses institutions et ses systèmes sociaux, l’accès à de nouveaux marchés et l’ouverture de nouveaux horizons pour ses citoyens.
La France voit sa croissance démographique exploser avec l’arrivée de citoyens partageant une langue commune et plusieurs valeurs et coutumes, elle a de nouveau accès aux ressources naturelles pour lesquelles elle s’était installée dans la vallée du Saint-Laurent, elle prend un ancrage solide en Amérique et, pourquoi pas, elle devient l’une des puissances mondiales au hockey.

L’auteur rédige actuellement un essai sur l’annexion du Québec à la France