Jules Gheude

Hier, à la veille de la Fête flamande, Christophe Deborsu a interviewé le ministre-président flamand, Matthias Diependaele (N-VA), lors de la Matinale RTL.
Si la Belgique existe encore en 2030, elle pourra fêter son bicentenaire. Mais, pour M. Diependaele, ce sera surtout l’occasion de célébrer les cinquante ans du fédéralisme.
C’est, en effet, la première réforme institutionnelle de 1970 qui a permis l’introduction, dans la Constitution, des articles 59 bis et 107 quater, relatifs respectivement aux conseils culturels (pour les communautés culturelles française et néerlandaise) et aux régions wallonne, flamande et bruxelloise
Rappelons ici que la régionalisation était surtout une revendication wallonne qui répondait à l’autonomie culturelle voulue par la Flandre.
La mise en application des deux articles précités exigea du temps et de longues tractations.
Il fallut attendre 1974 pour qu’une régionalisation préparatoire et provisoire voie le jour pour la Wallonie et la Flandre, cette dernière freinant des quatre fers pour empêcher Bruxelles de devenir une Région à part entière (aux yeux de la Flandre, Bruxelles est « historiquement flamande »).
Ce n’est finalement qu’en 1980 que la régionalisation deviendra effective pour la Wallonie et la Flandre. La Région bruxelloise, quant elle, ne verra le jour qu’en 1989, à l’issue du marchandage fouronnais.
Et la Belgique ne sera officiellement un « Etat fédéral », selon la Constitution, qu’en… 1993, alors que le ministre-président flamand Luc Van den Brande, un démocrate-chrétien, s’était déjà prononcé en faveur du confédéralisme. Le 13 janvier 1993, il précisait : « Mes collègues de l’exécutif flamand, socialistes compris, se rallient à mes déclarations sur le confédéralisme. »
Bref, le fédéralisme venait de naître et il était déjà considéré comme dépassé du côté flamand.
En 1999, le Parlement flamand avalisera le projet confédéraliste, dont la N-VA a, depuis lors, fait son cheval de bataille.
Pour la Flandre, il n’est plus question d’être une « entité fédérée », mais bien un Etat, soutenu par un sentiment très fort d’appartenance collective que l’on appelle « nation ».
Dans ce projet confédéraliste, le pouvoir central « belge » n’est plus qu’une coquille vide, l’essentiel des compétences allant aux Etats flamand et wallon, lesquels sont censés cogérer Bruxelles au niveau des matières personnalisables (impôt des personnes, soins de santé,…).
L’impasse politique à laquelle la Région bruxelloise est confrontée depuis plus d’un an, ne fait d’ailleurs qu’apporter de l’eau au moulin confédéraliste.
Lors de son entretien avec Christophe Deborsu, Matthias Diependaele a également tenu à revenir sur la question des communes à facilités linguistiques : « Je ne crois pas que les facilités aident au vivre-ensemble. Ce n’est pas une bonne chose pour former une communauté. Vivre ensemble ne veut pas dire qu’on habite les uns à côté des autres mais qu’on doit former une communauté. Les facilités rendent ça plus difficile et c’est pourquoi je pense que c’est une mauvaise chose pour les habitants. »
On connaît les verrous qui ont été prévus pour bétonner le régime des facilités. Mais une chose est sûre : si la Flandre parvient un jour à accéder à l’indépendance, ce régime deviendra caduc. La commune de M. Diependaele, s’appellera Ronse et non plus Ronse-Renaix…