« Le Soiré », Martine Dubuisson et Stéphane Vande Velde, 11 mars 2025 

En Wallonie, la déclaration de politique régionale (DPR) prévoyait la réduction du nombre de ministres et donc la diminution du nombre de membres de cabinet. Ce qui a été très clairement fait. Sous la précédente législature, il y avait 412,4 équivalents temps plein en Région wallonne, et 217,8 en Fédération Wallonie-Bruxelles, soit un total de 630,2 membres équivalents temps plein. Il n’y en a plus que 491,68 dans la coalition azur. Logique, vu la diminution du nombre de ministres de treize à dix, étant donné que certains ministres portent une double casquette (il est donc beaucoup plus compliqué de faire la distinction entre Région wallonne et Fédération pour la même raison). Certains ministres, occupant le même bâtiment, ont même mutualisé les ressources. C’est le cas des cabinets de la ministre de l’Agriculture Anne-Catherine Dalcq (MR) et de l’Energie, Cécile Neven (MR), qui partagent trois équivalents temps plein.

Pour faire les économies voulues dans les cabinets, les deux ministres-présidents ont pris le coût total annuel sous la précédente législature (soit 62 millions) et l’ont descendu à 54,9 millions (soit une économie annuelle d’un peu plus de 11 %, à savoir 7 millions). Ils l’ont ensuite partagé en enveloppes plus ou moins grosses en fonction des compétences des ministres mais aussi de leur rôle (vice-ministre-président ou pas). « Cela n’avait de sens que si on regardait les gouvernements wallon et de la Fédération ensemble puisque la volonté des négociateurs était de rationaliser l’espace de gouvernance intrafrancophone », explique-t-on au cabinet du ministre-président wallon Adrien Dolimont (MR). Les crédits octroyés à chaque ministère se composent d’une partie du traitement du ministre, d’un montant dédié au loyer du ministère et d’un montant global servant à payer tous les frais du cabinet. Si on s’en tient au personnel, les ministères les plus garnis sont ceux des ministres-présidents (60,2 ETP chez Degryse (Les Engagés), 65,5 chez Dolimont) et ceux des vice-ministres-présidents (64,33 ETP chez Desquesnes (les Engagés) et 53 chez Glatigny (MR)).

Mission accomplie donc ? Pas si vite si on revient à la DPR. Dans une phrase ampoulée, elle indique : « En sus de la diminution du nombre de ministres de l’espace francophone et donc de leurs cabinets, le gouvernement diminuera le nombre total de membres des cabinets ministériels restants de 10 % afin de renforcer les collaborations et la confiance avec l’administration. Au-delà et à terme, il poursuivra la réduction de la taille des cabinets une fois la fonction publique réformée. » Or, si on déduit justement la réduction du nombre de cabinets ministériels, le taux de 10 % de réduction dans les cabinets restants n’est pas atteint.

Si le nombre total de membres de cabinet a diminué (ainsi que le coût global de fonctionnement), la moyenne de cabinettards par ministre est quasiment similaire. Le cabinet-type sous la législature Di Rupo/Jeholet est composé en moyenne de 48,47 membres alors qu’il est de 49,16 membres actuellement. Dans le gouvernement azur, on estime qu’il est en effet difficile de faire mieux, au risque d’affaiblir les ministères. Car si le nombre de ministres a baissé, les ministres actuels ont vu leur portefeuille de compétences gonfler. Certains ministres actuels sont davantage chargés que leur prédécesseur. Surtout quand ils disposent d’une double casquette, comme Valérie Lescrenier (Les Engagés), Yves Coppieters (Les Engagés), Adrien Dolimont (MR) ou Jacqueline Galant (MR).

Toujours si on regarde le nombre de compétences, il est logique de voir que le cabinet d’Elisabeth Degryse, ministre-présidente à la Fédération Wallonie-Bruxelles, comprend 60,2 équivalents temps plein (secrétariat du gouvernement compris) contre 44,7 pour Pierre-Yves Jeholet (MR) entre 2019 et 2024. Elle dispose en effet, en plus de la ministre-présidence, des compétences de la Culture et de l’Enseignement supérieur. Comme Adrien Dolimont d’ailleurs, qui a le cabinet le plus fourni (65,5 ETP), davantage que celui d’Elio Di Rupo (PS, 55,65), mais il a non seulement beaucoup de compétences à la Région wallonne (le Budget, les Finances, le Bien-être animal en plus de la ministre-présidence) mais aussi une double casquette (avec la Recherche scientifique à la Fédération Wallonie-Bruxelles). Tout cela est donc logique, compréhensible… mais contraire à ce que la DPR prévoit.