Un réquisitoire au vitriol dans « Knack », 12 juillet 2020

Le trou dans notre budget atteint tout doucement 10% de notre PIB et, avant la crise du corona, le déficit budgétaire était déjà 11 fois supérieur à ce qu’avait promis le gouvernement lors de son intronisation en 2014. La charge annuelle des pensions est proche des 50 milliards d’euros par an, mais nos gouvernements continuent à jouer les Saint-Nicolas prodigues. Et il n’y a toujours pas de plan de relance pour affronter nos 8,8% de ralentissement économique.
Les partis traditionnels 11.11.11 (Open VLD, CD&V et SP.A) ont en effet encore beaucoup trop de soucis avec leurs dernières contorsions pour former désespérément un gouvernement. En attendant, les coalitions de circonstance au parlement puisent allègrement dans les caisses de l’Etat pour faire plaisir à leurs affidés. Quelque deux milliards de nouvelles dépenses ont été ainsi déjà votés, comme un compte à terme de 400 millions d’euros pour les mineurs qui sont à la retraite depuis 30 ans, une diminution de la TVA sur les produits d’entretien, soit 124.000 millions d’euros qui ne profiteront qu’aux multinationales comme Unilever, et, outre les 400 millions de Maggie De Block pour le secteur de la sante, 460.000 millions pour calmer la colère blanche du corona.
On constate cependant que seuls quatre pays de l’Union européenne consacrent un pourcentage de leur PIB supérieur au nôtre pour les soins de santé. Et les dépenses sociales (à l’exclusion des indemnités de chômage) sont déjà passées de 19 à 24% de notre PIB entre 2000 et 2015. En fait, il ne s’agit pas de montants mais de politique. Le débat se fait maintenant de manière émotionnelle et non plus rationnelle. (…)
Le fait que la Wallonie soit plus prodigue que la Flandre dans la distribution de cadeaux et qu’elle trouve moins urgente la formation d’un gouvernement de relance énergique est dans l’ADN de notre petit royaume. Nous ne vivons jamais en fonction de nos moyens. Quand la Flandre accorde une prime corona de 4000 euros, la Wallonie fait un pas de plus avec 5000 euros pour chaque commerce fermé. Alors que le secteur événementiel est ici sur le point de trépasser, l’autorité wallonne défraie tout artiste qui devait se produire dans une maison de la culture ou une institution, subsidiée. En prime, l’orchestre reçoit un contrat de compensation pour l’année prochaine. Never waste a good crisis.
La dépendance et la prodigalité sont des drogues dont on ne veut pas se passer en Wallonie, car c’est de toute façon la Flandre qui paie la facture, avec les milliards de transferts annuels, de 7 à 11 milliards selon les sources. Même le gouverneur de la Banque Nationale, le MR Pierre Wunsch, doit le reconnaître humblement, à sa grande honte. La Flandre est le bancontact de la Wallonie. En dépit du luxe d’un distributeur gratuit, la pauvreté en Wallonie est deux fois plus élevée qu’en Flandre. (…) Selon Statbel, le bureau européen de statistiques, la Flandre est même la meilleure de toute l’Europe en ce qui concerne la politique de pauvreté.
Le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté est en dessous de 10% au nord de la frontière linguistique. En Wallonie, on se situe à 22%, et 33% à Bruxelles, alors que la moyenne européenne est de 17%, 1% au-dessus de la belge. Malgré cinq plans Marshall, un flux de subsides européens et la manne flamande, les paradis socialistes, où Magnette et Di Rupo dominent, de Charleroi à Mons, poursuivent leur déclin subsisidié depuis trois quarts de siècle.
Bien que les transferts Nord-Sud soient trois fois plus élevés que ceux qui vont de l’Allemagne de l’Ouest vers l’Allemagne de l’Est, et que les subsides par personne soient 12 fois plus élevés qu’en Hongrie, la dette wallonne est gigantesque.
Les dépenses publiques représentent 70% du PIB wallon. C’est quasi du communisme, déclare Wunsch. On voit encore les restes de cette doctrine au Venezuela et en Corée du Nord, ces Etats chers au PVDA/PTB. Avant la crise corona, la montagne de dettes s’élevait à 21,7 milliards d’euros en Wallonie, soit 140% de ses revenus. Aujourd’hui, elle est tout à fait hors de contrôle.
Selon l’Institut des Comptes Nationaux, la croissance de l’emploi, avant l’arrivée du Covid-19, était due pour 62% à la Flandre, 21% à la Wallonie et à peine 7% à Bruxelles. S’ajoute à cela le fait que la Wallonie bénéficie encore d’un appareil de respiration artificielle pour l’emploi public, en fait l’argent du contribuable. La part de l’emploi dans le secteur non lucratif y est de 43,2%, contre 33,7% en Flandre. Et l’emploi dans les entreprises (semi) publiques, comme la SNCB, Infrabel, Bpost en Proximus, est toujours calculé comme emploi dans le secteur privé. En fait, un peu plus d’un travailleur sur deux travaille en Wallonie pour le secteur public, un basion du clientélisme PS. (…)
Il est préférable que nous divorcions, frères wallons. Ce pays est rongé jusqu’à l’os. Organisons donc des élections le 5 novembre et signons l’armistice le 11 novembre. Nous partageons les meubles, comme la Tchéquie et la Slovaquie l’ont fait et nous nous nous séparons en paix.
Profiter, voilà comment mon grand-père voyait la solidarité à sens unique, non réciproque. Selon lui, mordre la main qui vous nourrit revenait à parasiter. Un homme sage mon grand-père.
Enfin, quelqu’un qui respecte autant le peuple wallon que le peuple flamand et qui propose quelque chose de logique en demandant à chaque peuple de se responsabiliser sans dénigrer; voilà de l’avancement…!
Saint-Nicolas prodigue, faire plaisir à leurs affidés, l’émotion à la place de la raison, la Wallonie a reçu plus de « cadeaux », c’est dans l’ADN, Culture méprisée, la dépendance wallonne, le Bancontact flamand, le luxe d’un distributeur gratuit, la solidarité à sens unique, et le fameux parasite pour couronner ce joli ramassis populiste et stéréotypé sans nuance.
Oui, divorçons ! Pour ne plus avoir à lire ça !