On trouvera ici l’opinion de Jules Gheude, publiée sur le site du « Vif », ce 23 juillet.

On aura remarqué, une fois de plus, l’absence du ministre-président flamand N-VA au défilé militaire organisé à l’ocasion de la Fête nationale.
Pourquoi, en effet, s’associer à la Fête d’un Etat que l’on exècre et dont on souhaite ouvertement la disparition ? Car l’article 1er des statuts de la N-VA n’a pas été modifié : il y est toujours question de la mise sur pied d’une République flamande au sein de l’Europe.
Bart De Wever, le patron des nationalistes flamands, l’a toutefois maintes fois répété : pas question d’atteindre l’objectif de manière révolutionnaire, mais bien par une démarche «évolutive ». D’où cette volonté de transformer au préalable la Belgique en un Etat confédéral, axé sur deux Etats, la Flandre et la Wallonie, Bruxelles et la Communauté germanophone se voyant conférer un statut de « sous-entités ».
Et Bart De Wever de préciser qu’une telle réforme ne peut être possible que moyennant un accord entre son parti et le PS.
Mais hier, 21 juillet, le président de la N-VA a fait un pas de plus. Invité de l’émission « Trends Talk » sur Kanaal Z, il a en effet évoqué sans détours la réunification de la Flandre et des Pays-Bas.
Bart De Wever connaît bien l’histoire : La Flandre et les Pays-Bas formaient autrefois une unité, mais la chute d’Anvers lors de la guerre de Quatre-vingts Ans en 1585 ans y a mis un terme. Et d’ajouter : En 1993, j’étais déjà co-organisateur d’une conférence étudiante du Grand Pays-Bas. Je n’ai jamais abandonné ce rêve : que tous les néerlandophones vivraient un jour à nouveau ensemble. Je mourrais plus heureux en tant que Néerlandais du Sud qu’en tant que Belge.
On sait comment certains historiens se sont efforcés de créer le mythe de la Nation belge. Godefroid Kurth, notamment, insistait sur l’importance du catholicisme en tant que ciment.
Mais la période espagnole vient quelque peu mettre à mal sa théorie. A cette époque, en effet, la Flandre, constituée du comté de Flandre et du duché de Brabant, était largement acquise à la réforme calviniste, tout comme l’ensemble des provinces du Nord. Une situation que ne pouvait tolérer le très catholique roi d’Espagne, Philippe II,
Il fut donc décide de reconquérir ces territoires récalcitrants. Reconquista particulièrement cruelle et sanglante. On connaît ces mots du redoutable duc d’Albe : Il vaut infiniment mieux conserver par la guerre, pour Dieu et pour le Roi, un royaume appauvri et même ruiné que, sans la guerre, l’avoir entier pour le démon et les hérétiques, ses sectateurs. Plus fanatique ça, tu meurs !
Le fait que la reconquête prit fin avec la chute d’Anvers en 1585 s’explique par le différend qui opposait alors Philippe II à Elisabeth Ière d’Angleterre.
Toujours est-il que les autres provinces du Nord purent se libérer du joug espagnol pour s’ériger en Provinces-Unies, préfiguration des Pays-Bas actuels.
Les persécutions religieuses auront donc arraché les Flamands à leur destin naturel. Anvers, qui était alors le siège des Etats généraux des révoltés, aurait pu devenir la capitale des Pays-Bas.
On connaît le résultat. Tandis que la langue néerlandaise va pouvoir s’épanouir dans les Provinces-Unies grâce à la traduction de la Bible, la Flandre se morcelle en patois locaux.
La période espagnole fut donc bien un véritable drame pour la Flandre.
Aujourd’hui, les Pays-Bas forment un pays prospère, dont la dette publique représente 58% du PIB et se situe donc en-dessous de la limite européenne de 60%
Bart de Wever a dès lors raison de souligner les raisons économiques qui justifieraient une réunification de la Flandre et des Pays Bas : Ils seraient l’une des économies les plus fortes du monde. Les ports d’Anvers et de Rotterdam pourraient fusionner pour devenir la porte d’entrée de l’économie de l’Europe du Nord-Ouest. Cela ressemble à une histoire fantastique.
Autre impact important : en rejoignant les Pays-Bas, la Flandre continuerait, de facto, à faire partie de l’Union européenne et des grandes organisations internationales. Pas besoins de solliciter des réadhésions, comme ce serait le cas si la Flandre proclamait unilatéralement son indépendance.
Une histoire fantastique, en effet. Encore faut-il que le rêve puisse devenir réalité !
(1) « La Wallonie, demain – La solution de survie à l’incurable mal belge ».
Apparemment, Bart De Wever a de la suite dans les idées, il a été débattre de son projet de réunification dans l’émission néerlandaise Op 1 du 27/07. A mon avis, son projet a aussi pour but de contrebalancer une possible unification des territoires francophones de Belgique avec leur allié naturel qu’est la France. De mon point de vue, le problème est plutôt le congrès de Vienne de 1815 et le conférence de Londres de 1830 que la chute d’Anvers et la scission des Pays-Bas espagnoles en 1585. Si j’ai bien lu, déjà en 1830 Talleyrand prônait un partage de la Belgique entre les Pays-Bas, la France et la Prusse. D’autres nations en ont décidé autrement.
Voilà enfin un aveu d’espoir et de grandeur future pour les provinces des Pays-bas méridionaux, piteusement dénommés « Région Flandre » dans le cul-de-sac Belgique.
L’Union d’Utrecht préfigura une Nation néerlandaise confédérée. Comme le phénix, elle peut renaître demain sans conflit avec les proches voisins et encore moins sans crainte de l’Union européenne.
En 1944, le Benelux fut créé sous couvert d’une union douanière. Depuis 2012, le Benelux ressemble parfaitement à un cadre confédéral grand néerlandais. Le 17 juin 2008, un nouveau traité Benelux a été signé à La Haye; un signal fort pour donner un nouvel élan dynamique à la coopération Benelux.
Le nouveau Traité Benelux est entré en vigueur le 1er janvier 2012.
Le premier Traité entre les pays Benelux établissant une Union économique Benelux a été signé en 1958 pour une durée de 50 ans.
Au terme de la période de 50 ans, les gouvernements des trois pays Benelux ont estimé qu’il était temps de donner un nouveau souffle en tenant compte des nouveaux aspects de la coopération Benelux, tels que la sécurité, et la nouvelle structure fédérale de l’État en Belgique.
Le 17 juin 2008, le nouveau traité Benelux a été signé conjointement à d’autres documents :
La déclaration et le protocole sur les privilèges, les immunités de l’Union Benelux, la poursuite de la coopération Benelux en tant que laboratoire pour l’Europe et l’extension de la coopération transfrontalière :
1)Le marché intérieur et l’union économique;
2)La durabilité;
3)La justice et l’intérieur.
Un programme de travail commun et un soutien politique accru des trois pays.
Le nombre d’institutions a été réduit et simplifié dans le nouveau Traité. Cinq institutions Benelux subsistent :
la Comité de Ministres Benelux
Le Conseil Benelux
Le Parlement Benelux
La Cour de Justice Benelux
Le Secrétariat général Benelux
Outre ces cinq institutions, l’Office Benelux de la Propriété intellectuelle figure également dans le Traité
Relations Externes:
Le Traité prévoit explicitement la possibilité pour les pays du Benelux de coopérer avec d’autres États membres de l’Union européenne ou avec leurs structures de coopération régionale.
Nouveau nom officiel du Benelux: Union Benelux (sic).
Date d’entrée en vigueur:
Le nouveau Traité a été conclu pour une durée indéterminée. Chaque pays a le droit de dénoncer le Traité après une période initiale de 10 ans en tenant compte d’une période de préavis de trois ans.
Il s’agit là d’un nouvel élan décisif à la coopération Benelux, remise au goût du jour, active, flexible et dynamique qui aura certainement une plus-value importante dans le contexte européen élargi.
NDLR: S’il ne s’agit là d’une structure confédérale, à peine camouflée, à laquelle les Wallons se donnent et collaborent « la bouche en cœur « , merci de bien vouloir m’éclairer.
A lire le texte du nouveau traité, où voyez-vous un obstacle qui empêcherait Bart De Wever à proposer aux « Messieurs d’Amsterdam » de recréer l’Union d’Utrecht version 2024, sur base de l’Union Benelux ? Heureusement, les Wallons peuvent donner leur préavis mais « pleutres » oseront- ils ?