Eric Deffet, « Le Soir », 5 janvier 2021

Le gouvernement wallon met en place une commission qui devra fixer la route à suivre pour assurer la soutenabilité de l’endettement et la sauvegarde des finances publiques.

Jean-Luc Crucke (MR), le ministre wallon du Budget, a annoncé ce mardi matin la création d’une commission externe de la dette et des finances publiques qui doit conseiller le gouvernement sur les mesures de gouvernance à prendre pour garder le contrôle de l’endettement et assurer la sauvegarde des finances publiques mises à rude épreuve, a fortiori depuis le début de la crise sanitaire.

La Wallonie peut déjà compter sur une série d’instances qui guident ses gouvernants dans leurs choix budgétaires. L’approche est différente cette fois : « Les experts que nous mobilisons n’auront pas le nez dans le guidon. Ils doivent dessiner des politiques à moyen terme, des tendances et des comportements budgétaires à l’horizon 2024 et même 2030 », explique le ministre.

En plus des représentants de cabinets et de l’administration, cet organe de conseil rassemble la crème des spécialistes en finances publiques : Benoit Bayenet, Henri Bogaert, Bruno Colmant, Etienne De Callataÿ, Philippe Donnay, Roland Gillet, Jean Hilgers (président) et Joseph Pagano.

Aucune rétribution n’est prévue. La confidentialité des échanges est garantie. Un rapport final est attendu pour fin juin. Il sera débattu au gouvernement puis au parlement, et rendu public.

Jusqu’à 38,2 milliards

« Ce rapport devra tirer des conclusions scientifiques de l’augmentation de l’endettement wallon et proposer des adaptations de nos politiques budgétaires. Celles-ci devront intégrer des éléments comme le début de la fin des mécanismes de solidarité fédérale en 2024 ou un possible retour à la rigueur budgétaire imposée par l’Europe, après la suspension des règles comptables pour cause de lutte contre l’épidémie », précise encore Jean-Luc Crucke.

« En soi, la dette n’est pas une catastrophe tant qu’elle est soutenable », conclut le libéral.

La dette directe de la Wallonie au 30 septembre dernier était de 14,54 milliards. Mais il faut y ajouter l’endettement garanti des organismes para-régionaux. Fin 2019, la dette consolidée (directe et indirecte) s’établissait à 23,2 milliards, selon un récent rapport de la Cour des comptes qui précise qu’elle pourrait atteindre 38,2 milliards à la fin de la législature.

Pour l’horizon 2024 (fin de législature), la cellule wallonne de la dette a calculé que la seule dette directe serait proche des 30 milliards, contre 23,8 milliards si le coronavirus n’avait pas fait connaître ses effets dévastateurs.